mercredi 20 avril 2011

Quatre-heures

On roucoule entre bras et cuisses
Et comme deux qui se sont cherchés
On chuchote d'aimables clichés
Des fadaises ado love and kiss

Avec toi j'ai toujours quinze ans
Sentimentale à la bêtise
Ta bouche est une friandise
Dont les grains croquent sous la dent

Dans ta cabane haut perchée
Bien planqués à l'abri des gens
Nos jeux sont toujours indécents
Et nos sucettes acidulées

Submergé de désirs ardents
Mon amour chocolat tu fonds
Les après-midi sont féconds
Quand on s'attend depuis longtemps


vendredi 15 avril 2011

J'écris sur toi


Je suis ta plume et ton papier, dis-tu
Livrée à toi j'écrirai notre histoire
Mon stylo poulpe crachera l'encre noire
Sur le vélin de ton corps dévêtu

J'écrirais sur ta nuque, tes bras, tes cuisses
Couvrant ton dos de ma fine écriture
Et de mes ongles je ferai des ratures
Pour sublimer la beauté de nos vices

Allongé sur le dos, mon vivant livre
Tes pages écartelées à l'écrivaine
Tes vallons, tes ravins, tes plages, tes plaines
Seront les doux parages où je veux vivre

Je mouillerai mon doigt à chaque page
Inventant même ce qui nous fait défaut
Qu'importe si je rêve, puisque c'est beau
Faisons toujours cet amour avec rage

Scribe accroupie, j'engrange chaque joie
Chaque peine, jusqu'à graver tous tes cris
Tu jouis mon amour, tandis que j'écris
Dans mes carnets aux reliures de soie




dimanche 10 avril 2011

La Chandelle

Mon amant je m'étiole, tu ne me sers à rien
Ma chandelle a fondu de pâle fièvre prise
Et tu n'es pas venu me porter ton soutien

Bientôt je m'éteindrai, mouchée par une brise
Une porte claquée, un aboiement de chien
Me tordant en volute de fine fumée grise

Mais pour te consoler je viendrai le matin
En rêve, te bercer de caresses exquises
Car l’on n’oublie jamais ceux qui vous font du bien

Mon fantôme amoureux mêlée à l'aube grise
Te fera à ce songe encore mouiller ta main
Regrettant nos hier et redoutant demain


vendredi 1 avril 2011

Bleu et orange

Quand le soleil a disparu frileusement
Sous la couverture ardoisée de l'océan
Tout s'est alors teinté de bleu et d'orange
Sans que pourtant ces deux couleurs ne se mélangent

La mer hérissée de courtes écailles glaciales

D'un bleu-gris camaïeu profond et minéral
Léchait le sable lustré comme une plaque de cuivre
Où des oiseaux inscrivaient des histoires à suivre

Le ciel flou crachotait quelques nuages lents

Qui rejoignaient Granville sereinement
A la place du soleil disparu, un éclat
Plus clair, témoignait : l'instant d'avant j'étais là

Et la nuit n'avait plus qu'à venir maintenant

Car s'achevait le grand spectacle du couchant
Les rideaux de la nuit commençaient à descendre
Sans spectateurs, ou presque, en ce soir de décembre



Aude Doiderose Décembre 2009