lundi 21 mars 2016

Narcisse

En m’en allant, joyeuse, faire la fête à ton corps
J’ai acheté pour toi un bouquet de narcisses
Que vendait un vieillard, accessoire au décor,
Sans soupçonner qu’elles soient pour un bel Aloïs.

Ces fleurs te ressemblent dans leur tendre fraîcheur
Toi qui te sais aimé de moi et qui en joues,
Comme ton regard se fait troublant et aguicheur
Quand tu sais que ton charme me garde sous ton joug.

Tu es gorgé, comme elles, de sève sirupeuse :
Il me plaît de croquer la corolle gracile
De ton lobe d’oreille, de ta lèvre pulpeuse
Et tu me laisses agir, comme un enfant docile.

Mon jardin est pour toi tout peuplé de jonquilles,
Des femmes, je le sais, également t’admirent
Mais c’est dans l’eau bistrée de mes seules pupilles,
Narcisse, qu’il faudra, toujours, que tu te mires.