Eh, j'ai d'autres pages !
Tu sais, je n’y crois plus par moments
Je n’ai plus ni joie, ni certitude
Je meuble ma vie, appartement
Nu, de mes cartons de solitude
Ne pas te voir endort mes sens
Je perds en futilités ma vie
Comme une montre en panne, par absence
Arrêtée sur sept heures et demie
Enfoncé dans la gorge, un poème
M’empêche toujours de respirer
Il faut que tu me dises que tu m’aimes
De ta voix tiède, entre deux baisers
Ne laisse pas se taire le doux tictac
Qui arpentait l’espace entre nous
Cette mélodie aphrodisiaque
Qui battait entre nos rendez-vous
Certains textes naissent de la page
Attirés par la lumière du stylo
Ils se sentent en confiance
Laissons-les flirter
Sans se mêler de leurs affaires
Et voir ce qu'il en sortira
Replions pudiquement la feuille
Sur ce tête-à-tête amoureux
Et ce grand mystère
Si la feuille est consentante
Que le stylo est tendre
Le poème va éclore
Si les mots sont creux
Vides, galvaudés, insincères
Ce poème n'existe pas
Je suis une légende urbaine
Vous me croyez ici, je suis
Ailleurs, plantée à d'autres veines
D'autres filons que je poursuis
Vorace, altérée de la vie
Des ardeurs noires que je dévore
Je dors paisiblement la nuit
Et puis je me lèvre à l'aurore
Pour un baiser de ma canine
Impatientes proies, elles me prient
De les surprendre, pauvres victimes
Tel je prends qui veut être pris
Ceux que j'ai goûté guettent l'heure
Prochaine, lisant entre mes rimes
Car je reviens, pour leur bonheur
Toujours, sur les lieux de mes crimes.