dimanche 15 décembre 2013

Le Dîner de Chair

L’instant est venu de la gourmandise
Te voir manger, entendre tes dents bruire
Observer tes lèvres et ta langue luire
Et me sentir glisser et déjà prise

Je ne te connais pas mais suis soumise
Docile à ton sourire de carnassier
Tu exiges, ce n’est jamais assez
Et tu me tiens déjà sous ton emprise

Toi tu attends, tu brûles, tu veux aussi
Ma voix dans la nuit te chauffe et t'attise
Combien mes promesses te semblent exquises
Et à m’écouter, ta verge grossit

Alors on se lève de la table mise
Debout, tu as décidé de me prendre
Une jambe ouverte, je me laisse fendre
En chaude et fondante et tendre banquise

Le festin de chair sous ma douce lèvre
Se laisse fouiller humide et conquise
Ta barre me guide à ta ferme guise
Comme un capitaine voguant sur ma fièvre

mardi 12 novembre 2013

Vingt ans de moins, un instant de plus

Peut on s’opposer au désir ?
Notre liaison est dangereuse
Interdits d’humeur amoureuse
On échange bien plus qu’un sourire

Car c’est bien toi qui dois me prendre
Rien, je n’oppose rien, je suis la danse
N’offrant aucune résistance
Et je te fais, sans cruauté, attendre

Tu es l’amant et non l’inverse
Tes messages implicites me touchent
Qui glissent par tes yeux et ta bouche
Comme une fumée sous l’averse

On ne sait pas, ni toi ni moi
Ce qui rapproche et qui nous tente
Qu’importe la durée de l’attente
Un jour, un instant, un mois…?

mardi 5 novembre 2013

Deux cafés

Je suis au comptoir, second café
Le serveur toujours vulgaire
Mais plus bête que méchant
Dans le fond les habitués gris
Bfm tv infuse sa soupe fade
Et soudain, des yeux regardent.

Je regarde les yeux, noirs et veloutés
Comme le café en moins amer
Le nez, les sourcils, la bouche
Les cheveux courts, un col en laine
Qu’il remonte pour cacher ses lèvres
Je replonge dans ma tasse, troublée

Puis je reviens aux yeux, pour vérifier
Qu’ils me parlent, essayer de comprendre
Pourquoi j’aime ce genre de garçon
À la fois sérieux, volontaire et volage
Et pourquoi donc celui-ci veut-il
Me dire des choses muettes ?

Ses regards pénétrants et doux
Je voudrais m’en défaire, ils m’attirent
Me fascinent, m’étourdissent.
Je m’arrache aux cils, enfin
L’air froid me console, allons, allons
Quand soudain il est là et m’effraie…

mardi 29 octobre 2013

Le conte du Géant et de l'Ogresse

Il était une fois, au pays de Paris
Deux monstres légendaires, créatures improbables
L’un et l’autre inventés, hors normes et gabarit
Aussi invraisemblables que les êtres des fables

Je vais vous les décrire : l’un était un géant
Sur ses épaules brunes, ses nattes, dénouées
Comme des serpents noirs, rampaient indolemment
À ses pieds une chienne lui semblait dévouée

L’autre était une femme, que l’on croyait ogresse
Car elle croquait, dit-on, un homme au déjeuner
Mais elle avait, je crois plutôt, le feu aux fesses
Et, par ses appétits, se laissait gouverner

Il arriva qu’un jour le géant vit l’ogresse
Et l’ogresse lui plut, malgré qu’elle fût volage
Car, les hommes, elle savait les aimer, la bougresse
Quoiqu’elle eut très souvent le double de leur âge

Il exigea tout d’elle, disons le franchement,
On ne sait pas pourquoi, elle consentit à tout
Peut être la magie de son membre luisant
Qui ne se s’interdisait aucun de tous ses trous

Chaque fois qu’ils étaient ensemble ces deux là
Ils s’entre-salivaient comme diables en enfer
Et c’était, à les voir, bien pire qu’un sabbat
Vous n’imaginez pas tout ce qu’ils pouvaient faire

Au pays de Paris et il est de ces histoires
Qu’on ne peut deviner, incroyables et secrètes,
Mêlant de beaux rastas et d’étranges cougars
Quand les trains de banlieue rapprochent tous les êtres

lundi 9 septembre 2013

Couleur Terre Brûlée


Le brun a, sur ta peau, déposé les nuances
De la roseur éteinte à la terre brûlée
Où les sombres chaleurs aux clartés se fiancent
Allumant des lueurs dans tes reflets cuivrés

Si tu n’étais pas noir aurai-je pu t’aimer ?
Car j’aime absolument toutes nos différences
Ta lèvre bicolore et tes cheveux bouclés
Même si notre couleur n’est rien qu’une apparence

J’ai cherché mon semblable sans jamais le trouver
Et c’est toi qui, un jour, m’a semblé mon jumeau
J’ai plongé dans tes yeux où je me suis brûlée
Au feu de ton baiser, au brasier de tes mots

Rehaussant de pâleur ta belle négritude
Que ma peau soit toujours un écrin pour ton noir
Rejoignant les contraires en cette latitude
Où le Nord et le Sud se joignent pour se boire.



vendredi 19 juillet 2013

L'homme qui aimait les fleurs




Au milieu d’un dimanche de quatorze juillet
La table était dressée sur un tapis de fleurs
Le temps coulait tranquille tandis qu’il travaillait
Précis et concentré comme un enfant de cœur

Je le regardais faire sans y comprendre rien
Mais j’aimais son projet, horloger des saveurs
Chaque petit pétale méritant tous ses soins
Pour éveiller les sens, lorsque sonnerait l’heure

J’avais déjà goûté, sa chair était exquise
Mais j’avais encore faim d’apprendre davantage
Il me parlait un peu, j’écoutais, attentive
Tandis qu’il assemblait, un par un, ses rouages

Quand l’heure fut venue, enfin, de déguster
J’avais saisi l’idée qui préside à ses choix
A la fin du plaisir reste la volupté
De lécher les arômes juste au bout de ses doigts




mardi 16 juillet 2013

Dans quel état j’erre




Un sentiment de liberté me lie à l’Univers
Quand le goudron est chaud
Et que tout Paris m’envoie ses baisers

Je garde au cœur
Des parcelles de vous
Qui m’avez bien aimée
Qui m’avez prise
Puis rendue à moi-même

Reposée, comme un objet de désir
Sur mon socle comme une mécanique
Dont vous avez percé le secret

J’ai fait trois petits tours
J’ai plongé dans l’ivoire de vos dents
Et je me suis rafraîchie à vos fantasmes

Merci et l’on ne se doit rien.

Libres comme des comètes
On se perdra dans la nuit bleue
Jusqu’au prochain big-bang

Je vais attendre, sur mon étagère
La prochaine main, la prochaine clé
Car la patience me tient lieu de vertu.




jeudi 11 juillet 2013

Suis-je une pute (co-écrit avec Balzak)

Je m'extirpe du néant en m’exhibant
Je ne les séduis pas, mais j'excite
Bimbo en dessous sexy à rubans
Avec mes messages aux textes explicites
Dressée sur mes talons, titubant
Ils trouvent mon lexique magnifique
Je ne suis pas dupe…
Dis-moi,
Suis-je une pute ?

Ta vie de merde, tu la fais cocu
Baise avec la mienne, sans regrets !
Prend ma prose pour quelques écus
Plonge dans ma vie en ouvrant ce livre
Pour que je pénètre degré par degré
Écarte bien que j'enfonce mon ogive
Te prends pas la tête, pourquoi tu luttes ?
J'écris,
Suis-je une pute ?

Les extases se suivent sans entraves
Sans pause je passe d'un sexe à l'autre
Nul n'en souffre, mais tous en bavent
Sur ma mauvaise vie navigue mon cotre
Mes seins pointus sont mon étrave
Au sillage de mon cul sont mes apôtres
A quoi rime cette vie sans but ?
Au fond,
Suis-je une pute ?

Bienvenue sur La Place Des Putes !
En alexandrins on fait les putains
Les pseudos-poètes choqués disent : chut !
Offrons-nous de l’art ou nos arrière-trains ?
Galvaudant nos sentiments intimes
On est prêt à tout pour une rime
Poète, prends une minute
Et demande-toi
« Suis-je une pute ? »

J'explore leurs esprits-boîtes
De conserve tandis qu'ils me pelotent
Le long de mes cuisses moites
Quand ils font glisser ma culotte
Je sanglote puis après je l'écris
Et c'est leur plaisir que j'exploite
Ils sont comme des bêtes en rut
A ton avis,
Suis-je une pute ?





mardi 21 mai 2013

Dehors

J’imagine une rencontre avec toi, au détour d’un chemin désert. Une grande silhouette sauvage, torse nu. Oubliant mes manières civilisées, je m’agenouillerais devant cette apparition, vaincue par la beauté. Pas un mot : je te sucerais dans l’odeur de l’herbe écrasée, un vent printanier caressant tes épaules et ton ventre nu.

Puis tu me possèderais à même le sol, le soleil te chauffant l’échine et les végétaux me piquant les fesses. Les petits oiseaux étonnés de cet accouplement barbare, chanteraient à tue-tête pour couvrir mes gémissements. La sueur perlerait sur ta peau, ma petite rivière glouglouterait, je boirais ta salive, l’humidité soudrait de partout.

La campagne deviendrait jungle, nous serions survolés par d’énormes libellules vrombissantes attirées par l’odeur de ta peau luisante. La chaleur se ferait étouffante, de gros nuages couleur d’ardoise s’agglutineraient dans le ciel pour l’obscurcir. A quatre pattes, mes ongles enfoncés dans la terre noire, tu me prendrais brutalement.

Un éclair isolé fouetterait le ciel, comme si Dieu, offensé, voulait anéantir sa création. Une lumière froide et plate révèlerait nos corps imbriqués, un vent chaud se lèverait. De grosses gouttes éparses se mettraient à bombarder nos peaux, tes mouvement de hanches s’intensifieraient. On entendrait ce claquement rythmé dans toute la campagne que l’orage aurait rendue soudain grave et silencieuse.

Puis la pluie, grossissant comme une tempête, s’abattrait en chagrin, on y verrait presque plus rien. Dans ce bouillon d’apocalypse je jouirais en criant comme une démente et tu éjaculerais sur mes fesses mon dos, mes cuisses, et jusqu’à mon visage, la pluie battante délayerait le sperme, nous purifiant.

Alors Dieu pardonnerait.




Eros, Harès et Apollon

Tu m’envoies comme autant de flèches
De mots tendres et crus à la fois
Qui me transpercent et qui m’empêchent
De songer à d’autres qu’à toi

Belle statue et fin stratège
Comme ma chute semble suave
Lorsque je tombe dans le piège
De tes bras qui sont douce cage

Je lutte en vain, je suis conquise
Ma chair et mon âme sont prises
A ton amour aléatoire

De mon cœur, tu peux triompher
Sur moi rejaillira la gloire
D’être au nombre de tes trophées

mercredi 8 mai 2013

Si tu m’oublies, je t’oublierai


Si tu m’oublies, je t’oublierai
Et je nierai ton existence
Ma plume rayera d’un trait
Nos tendresses et nos indécences

Je ne peux qu’aimer par mes sens
J’y croirai quand je sentirai
Tes deux mains posées sur mes hanches
Tes reins brûlants, ton souffle frais

Parfois si loin parfois tout près
Tu veux me faire danser ta danse
Je sais bien que tu fais exprès
De m’obséder de ton absence

Si tu m’oublies, je t’oublierai
Et ce ne serait pas de chance
Je t’aimerai si tu voulais
D’un mot calmer mon impatience

jeudi 2 mai 2013

Apparition

Tu m’es apparu comme un ange
Sous la pluie qui me pénétrait
Tandis qu’hier soir je rentrais
De notre rendez-vous étrange

Tu m’es apparu comme un rêve
Qui s’évapore et qu’on retient
Comme ton visage entre mes mains
Lors de notre étreinte trop brève

Tu m’es apparu comme songe
Qu’imagine une passionnée
Qui a si grand besoin d’aimer
Que s’incarne enfin son mensonge

Tu es l’ultime tentation
Qui m’entrainera pas-à-pas
Vers quel enfer, je ne sais pas
Mais j’aimerai ma damnation



vendredi 26 avril 2013

Laisse-moi



Aisément tu as pris
Et ce n'est qu'un début
Dans tes mains mon esprit
Quand ton sperme j'ai bu

Puis tu m'as fait la grâce
De tes reins de couleur
J'ai cédé place à place
Abdiquant ma pudeur

Enfin, cet autre jour
Où tu mis à mon cou
Le collier de l'amour
J'ai consenti à tout

Laisse-moi encore demain
Jamais je ne me lasse
D'être objet dans ta main
Et tes bras qui m'enlacent



jeudi 25 avril 2013

Le Voyage de Lili Pute au pays du Géant

Lili Pute a encore sauté
D’un bond dans le train
De banlieue bondé
(Direction Bondy)
Au signal sonore
Elle est montée
Dans le wagon de queue
(Son préféré)
Elle s’impatiente du Géant
Un type qui s’ignore beau
(Ou qui s’en fout)
Quand Lili dit qu’il est joli,
Il sourit avec grâce,
Le Géant n’est pas loquace
(Taiseux même)
Rasta aux bras chocolatés
Sans artifices, nonchalant
Un prince non-charmant
Mais que Lili lui trouve-t-elle
Pour venir le voir ventre à terre ?
(Un truc spécial)
Harmonie des hormones
Animalité sans fard
Théâtre visible et invisible
(on en sait rien en fait)
Tous les non-baisers qu’il lui donne
Cette façon spéciale de l’embrasser
Sans s’embarrasser à coup de langue
De l’entraver de son grand corps
Et elle comme une renarde piégée
Cherche à s’enfuir, s’agite, palpite, frémit
(Mais elle exulte)
Il ne lutte pas, il a gagné
La couvrant de salive et d’insultes
Pour la remercier d’être.

mardi 9 avril 2013

Elle joue le jeu de l'homme

Elle sollicite, espère, attend
Sur un mot, à son gré, elle cambre
Patiente et ouverte à l’instant
Serrant son secret dans ses jambes

Il questionne, se tait puis ordonne
Dit qu’il veut sans délai ses fesses
Il sourit et prend ce qu’elle donne
Pas de merci, gifles ou caresses

Elle est chienne, sa pute tendre
Prête à ployer, enfin soumise
Elle est sienne, fini d’attendre
Le feu de sa saillie exquise

Il triomphe ou croit triompher
Et cependant qu’il la possède
Elle geint de sa voix décoiffée
Devinant tout ce qui l’obsède

Elle savoure ce jeu de délice
Où l’on oublie sa dignité
S’enivrant de ce beau Narcisse
Qui offre ce qu’elle a mérité




jeudi 7 mars 2013

Cheveux

Ses dreadlocks font des entrelacs
Dans les creux de son cou d’athlète
Rêches mèches, parfum délicat
Dans sa coiffure cordelette

Je m’accroche à cet écheveau
Amarre chère aux naufragés
Ses épaules et ses pectoraux
M’excitent comme une enragée

Des serpents poussent sur sa tête
Quand il me parle à coups de reins
Cheveux mêlés dans cette fête
Sécrètent son secret venin

Dans ce péché on est de mèche
Complices comme faune et bacchante
Il kiffe tant quand je le lèche
Et moi j’aime sa baise lente


jeudi 17 janvier 2013

Putain


Ayant cessé de croire que l’amour est limpide
Qu’il serait fait de rêve et de beau sentiment
J’ai compris que la pauvre âme humaine est turpide
Qu’elle a bien des noirceurs, que la poésie ment

Je ne suis pas amère de mes désillusions
À perdre en romantisme, on gagne en vérité
D’une indulgence à l’autre il est des évasions
Étranges et tendre aussi, malgré leur crudité

Les homme qui me couchent on une envie d’obscène
Je leur pardonne tout comme une prostituée
Car qui sait, si au fond de cette mise en scène
Sous un masque, peut-être, l’amour est affublé ?

Car « putain » est le mot qu’on me souffle à l’oreille
Exhalant des chaleurs de plaisir à mon cou
Vous m’aimez, mes amants, et c’est une merveille
Pour la seule raison que je suis un bon coup


À Lys
 

dimanche 6 janvier 2013

Fin de quarantaine

Je vais quitter bientôt le lazaret de l’âge
La quarantaine enfin a cessé de briller
Certain disent tant mieux, d’autres que c’est dommage
Je vois bien que la vie coule en mon sablier

Et je me dis aussi qu’on n’a jamais aimé
Autant que j’ai aimé ces quatre années récentes
Où tu as distillé à mon cœur affamé
De tes lèvre ourlées, des fièvres indécentes

Je suis comme je suis, je ne regrette pas
Ni ma beauté d’antan ni mes fraicheurs d’enfance
Jamais je ne voudrais revenir sur mes pas
Car c’est en l’âge mûr que vint mon insouciance