samedi 12 septembre 2015

Transverberation

Le miroir au plafond est une grande toile,
Je m’y vois allongée en odalisque peinte
Par un artiste ivre de soupirs et de plaintes
Et qui me rêverait dévêtue de mes voiles.

J’aime à me contempler, rose dans mon émoi
Quand ton dos qui me couvre roule ses muscles noirs,
Mon amant de passage, comme j’aime à te voir
Sans visage et sans nom, occupé tout à moi.

Le reflet gracieux de tes poses d’atlante
Est troué de mes mains volages et fuselées,
La tache du soleil en fait sur les allées
De semblable parfois, mais pas d’aussi galante.

Je n’ai jamais autant regardé mon visage
Étonnamment changé. Est-ce moi cette femme ?
Les yeux sont une ligne, un simple trait de lame
La bouche est entrouverte, humide coquillage

Mes cheveux sont des algues et me font un diadème
Je suis une diablesse possédée par un ange.
L’expression douloureuse du plaisir est étrange
Est-ce ainsi qu’on me voit, est-ce ainsi que l’on m’aime ?

Je me souviens alors de la vierge ambiguë
Sculpté par le Bernin : l'extase de la sainte
Et celle de l’amante ne peut être dépeinte
Que par ceux qui la vivent ou bien qui l’ont vécue. 


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