lundi 10 janvier 2011

Margherita

Andy s'était levé tard et du mauvais pied. Il avait à peine touché à son chocolat, accablé de soucis et doutant ce jour là de tout : ses projets, sa carrière et sa vie en général. C'était le creux de l'hiver, saison qu'il détestait, la pluie, poussée par les bourrasques, crachait sur ses vitres en lui mettant le moral en berne. La journée promettait d'être morose : il s'habilla sommairement pour aller chercher son courrier en bas. Lorsqu'il ouvrit sa boite, le courrier se laissa tomber mollement entre les mains : factures, rappels, relevés, notifications, il savait déjà que dans tout ça il n'y aurait rien de bon. Pas de carte postale ensoleillée, pas le moindre courrier désintéressé et amical, juste quelques prospectus qui jetaient de la couleur sur les enveloppes d'un blanc sale. L'un était une pub pour des gens qui promettaient de tout réparer dans la maison, du sol au plafond, il froissa la feuille et la jeta dans la corbeille du hall. L'autre lui paru plus attrayant : un flyer de livraison de pizza à domicile.
En remontant lentement l'escalier, il examina l'imprimé. Au recto figurait un nom : I LOVE PIZZAA (le love figuré par un cœur évidemment, le redoublement de la lettre A comme un écho prolongé) le nom était illustré par une photo assez provocatrice. Une bouche de femme s'apprêtant à croquer une part de pizza fondante. Malgré le caractère racoleur et vulgaire de l'image, elle évoquait vraiment le plaisir de déguster une bonne pizza. Au verso, la liste des pizzas, un numéro de téléphone, un slogan. Bref une pub banale, mais il se surprit, une fois dans son salon, à lire attentivement la composition des pizzas. La Reine, la Margherita, La Sottomessa, La Birichina, La Piccante et la Spéciale (pour deux ou trois personnes).
Contrairement aux autres enseignes cette société ne proposait ni boissons ni desserts, d'ailleurs leur slogan était : "Nos pizza(a)s sont inoubliables".  Promesse plutôt ambitieuse. Andy eut soudain envie que ce soit vrai et se dit qu'il allait essayer. A force de tourner et de retourner le flyer, son appétit grandissait et il lui semblait que seule une de ces pizzas pourrait le rassasier.
Il était déjà midi quand il composa le numéro d'I LOVE PIZZAA et une voix féminine et sensuelle lui répondit immédiatement. Il commanda une Margherita (sauce tomate, mozzarella, tomates fraîches, origan, lui énuméra la voix au téléphone) livraison garantie en quarante minutes. "Quarante minutes ?" se dit-il, contrarié, mais il ne voulut pas fâcher la jolie voix et ne fit pas de remarque sur le délai. Il dit seulement "Oki" puis il donna son adresse.
Pendant quarante longues minutes il tourna dans son appartement sans trouver le courage d'ouvrir son courrier posé sur la table basse. "Je ferai ça après ma pizza" se disait-il en consultant l'heure. Son ventre gargouillait d'un appétit inhabituel. Il regardait souvent le prospectus, "Drôle de boîte" se disait-il "Comment pensent ils résister à la concurrence avec un pareil délai". Il s'en voulait d'avoir cédé à la publicité comme un enfant qui voit une image et dit : "je veux ça". Enfin les quarante minutes se passèrent et la sonnette retentit.
Il s'attendait à voir l'inévitable jeune black emmitouflé et casqué, brandissant son carton de pizza isotherme. Mais dans l'encadrement de la porte, dans la lumière froide, se tenait une femme, souriante. Un instant il pensa que c'était un agent immobilier, une employée du syndic. Mais elle lui demanda d'un air blagueur : "La Margherita, c'est ici ?" Elle était grande et brune, plutôt élégante. "Oui" répondit-il et, machinalement il s'effaça pour la laisser entrer. Elle franchit le seuil d'une allure décontractée comme une personne attendue. Quand elle pénétra dans le salon il se fit la remarque qu'elle ne transportait que son sac à main et nul carton de pizza.
Elle se retourna vers lui et, dénouant la ceinture de son manteau rouge demanda : "Vous avez demandé Margherita, n'est-ce pas ? Me voilà. Vous pouvez m'appelez Mag et on peut se dire tu, c'est plus intime". Lorsque son manteau s'ouvrir il révéla sa silhouette mince. Elle portait une guêpière rouge et noire qui faisait paraître son décolleté laiteux. Une jupe rouge et soyeuse moulait ses hanches et tombait aux genoux, ses jambes étaient longues, noires et ses escarpins rouges, vernis.
"C'est sûrement elle, sur le flyer" se dit Andy. "La pizza vous l'aimez comment ?" dit-elle "Bien relevée ?" Et pour accompagner sa question elle releva sa jupe doucement lui montrant ses cuisses fuselées et, tout en haut, des porte-jarretelle rouges. Elle fit un tour sur elle-même pour qu'il juge de l'ensemble. De dos, ses bas noirs étaient soulignés d'une couture rouge du talon à l'orée de ses fesses. C'était charmant, il eut envie de toucher. Il avança une main vers ses profondeurs, il la trouva moite et moelleuse comme une pâte à pain bien levée. De son autre main il tâta ses fesses qui étaient deux belles miches, blanches et douces. Il avait faim de cette chair-là. Il fouillait la culotte de dentelles et toucha la porte humide de son four. Elle cligna des paupières et soupira, elle semblait attendre tout cela depuis longtemps. Elle mouillait abondamment et fléchissait un peu des genoux pour lui laisser libre accès à ses mystères. Elle avait dégrafé sa jupe qui tomba au sol. Elle passait ses mains sous le pull d'Andy qui les sentait le parcourir. Les baisers s'étaient mis à pleuvoir : sur le visage, le cou, les yeux, puis ils se mordillèrent les lèvres pour ensuite se boire mutuellement la salive. "Comme elle est bonne" se dit Andy. Elle fit passer son pull au dessus de sa tête et elle téta gentiment ses tétons tout en envoyant ses doigts explorer au delà de sa ceinture. Il était terriblement excité : la voir, la sentir et la goûter lui faisait battre le sang aux tempes. Il eut envie de sucer ses seins qui étaient ronds et élastiques comme deux boules de mozzarella et leurs pointes qui dardaient vers lui leurs petits museaux roses. Elle sentait vaguement l'origan, Andy ne cessait pas d'actionner l'interrupteur de son four : on-off, on-off, on-off, et elle s'affolait, soupirant de plus en plus fort. Elle lui glissait des mots à l'oreille, des mots inconvenants et sans suite mais qui lui fouettaient les sens.
Elle lui avait débouclé la ceinture, et se mit à genoux pour le déshabiller complètement. Il voyait son dos et sa nuque en dessous de lui et parfois elle relevait la tête vers lui d'un air insolent. Elle se mit à le déguster et il pensa une chose absurde qui le fit sourire : "Putain, je suis en train de me faire dévorer par la pizza que j'ai commandé". Il s'abandonna alors à sa bouche qui était inventive et gourmande. Parfois il la grondait pour sa lascivité, parfois il la félicitait pour son savoir faire et elle ne pouvait que gémir doucement.
Enfin il fut temps de commencer les choses sérieuses et elle se mit docilement dans la posture de la levrette. Il entra dans son petit four bouillant, sérieux comme un boulanger qui enfourne son pain. Il s'y sentit comme dans une Calzone : il glissait en elle comme une belle mécanique. Elle était fondante et riche. Il lui claquait ses belles fesses en admirant le roulement de ses hanches blanches. Il la transperçait, la possédait, la consommait. Elle manipulait son interrupteur en geignant de plus en plus fort. Il la retourna, elle était rouge comme une tomate, l'air égaré, lui il lui ouvrit les jambes. Elle jouit. Il s'abandonna l'instant d'après au plaisir, l'assaisonnant copieusement de sa sauce.
Ils restèrent un long moment serrés en silence. Puis elle se dégagea doucement et lui dit : "Il faut que j'y aille". Doucement ils se rhabillèrent en échangeant des baisers puis elle partit. La porte une fois refermée il ramassa le prospectus tombé à terre et se dit : "La prochaine fois je goûterai la Reine".

7 commentaires:

  1. Et voilà j'ai la dalle maintenant...

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  2. Désolée, mais tu étais prévenu : ces pizza là donnent faim.

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  3. Une histoire très cochonne comme je le aime !

    Bisous

    Laureen

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  4. Merci Laureen. L'histoire est comestible et cochonne. Bon appétit

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  5. quelle bonne dégustation, mais il est vrai qu'il avait du pain sur la planche!!!
    bises
    peter

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  6. En effet Peter, mais il n'en a pas laissé une miette

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  7. Ne pas laissé une miette, je dirais même qu'il l'a dévoré

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